Le
syndrome hyperéosinophilique lymphoïde (SHE-L) est défini par une hyperéosinophilie associée à une population lymphocytaire T clonale circulante. Ces lymphocytes sont identifiés par des caractéristiques immunophénotypiques aberrantes, le phénotype CD3-CD4+ étant le plus fréquent (39 cas). Dix cas de lymphome T survenus au cours du suivi ont été rapportés chez ces malades, dont un lymphome angio-immunoblastique (LAI) (Roufosse, Leuk Lymph 2014). Le Réseau Eosinophile français a recensé 24 nouveaux patients atteints de SHE-L avec lymphocytes CD3-CD4+ circulants (SHE-L CD3-CD4+), dont deux ont développé un LAI. Le LAI peut également se présenter avec des cellules CD3-CD4+ circulantes (Baseggio et al. Mod Pathol 2011).
Après en avoir décrit les différents aspects clinico-biologiques (Lefèvre et al, Medicine 2014), nous avons poursuivi par la caractérisation histopathologique du SHE-L CD3-CD4+ (Lefèvre et al, Haematologica, 2015). Les principales conclusions étaient les suivantes:
- L’histopathologie ganglionnaire et cutanée est très comparable à ce qui est observé dans le LAI: on observe un infiltrat monotypique CD4+, une hyperplasie des veinules endothéliales et une hyperplasie du réseau folliculaire dendritique (RFD). En revanche, la morphologie des cellules lymphocytaires est modifiée et les marqueurs CD10 et TFH (CXCL13, PD1) caractéristiques du LAI sont négatifs dans le SHE-L mais acquis au diagnostic de LAI dans les 2 cas survenus au cours du SHE-L CD3-CD4+.
- Le même clone T persiste pendant plusieurs années dans les tissus (maximum: 23 ans), y compris dans les ganglions. En cas de LAI, le même clone T est retrouvé dans les biopsies.
Notre projet se poursuit aujourd’hui avec un double objectif :
- Identifier les mécanismes en cause dans l’émergence du clone lymphocytaire CD3-CD4+
- Explorer les modifications du réseau folliculaire dendritique dans le SHE-L CD3-CD4+ et les LAI
Ce projet a été soutenu par l'Appel à projets 2015 - Soutien de projets émergents du Cancéropôle Nord-Ouest.